Amanda et les amis imaginaires

Amanda vit seule avec sa mère Lizzie. Un jour, sans vraiment s'en rendre compte, elle se crée un ami imaginaire, Rudger. Ils s'amusent bien tous les deux, même si Rudger trouve qu'Amanda monopolise les situations (normal, lui répond la fillette, il faut bien qu'elle invente sans cesse pour qu'il existe). Et puis Amanda est victime d'un accident de voiture, et Rudger s'estompe... Il rejoint alors par hasard une bibliothèque, où vivent tous les amis imaginaires en attente d'un nouveau contrat avec un enfant ! Il fait ainsi connaissance avec Frigo, le vieux chien imaginaire de la maman d'Amanda, et peut expliquer sa douloureuse rencontre avec M. Butor, un adulte qui les voit encore malgré son âge, et qui les aspire littéralement par la bouche pour nourrir son enfance. Traumatisé par l'accident d'Amanda, Rudger va tout faire pour obtenir un contrat qui lui permet de se rapprocher de sa meilleure amie et créatrice.

Que d'imagination à propos d'un sujet qui traite déjà en lui-même de l'imagination (des enfants) ! L'idée maîtresse de l'auteur est celle de ce lieu de rassemblement des amis imaginaires attendant des contrats de travail à durée déterminée, complètement loufoque et tellement belle. M. Butor s'apparente plus classiquement à la famille des ogres dévoreurs, des adultes mal terminés qui ont perdu leur innocence. Le roman suit Rudger, et on pourra peut-être regretter sa relative fadeur, son absence de personnalité marquée par des souvenirs, des envies à venir... Mais ce serait oublier qu'il n'existe que par et pour Amanda, qu'on retrouve bien sûr à la fin. Illustré avec bonheur par Emily Gravett, un roman hors du temps, délicieusement fantaisiste et fin.