Architectures d'art brut

En poursuivant sa collaboration avec les éditions Thierry Magnier, Anic Zanzi, conservatrice du musée d’art brut de Lausanne, joue pleinement son rôle de valorisation de collection et de popularisation d’un regard sur le monde original porté par l’art brut.

Après les bestioles et les véhicules, Architectures d’art brut explore une dimension extrêmement importante, celle des villes imaginaires. Une mise en page simple et efficace engendre un dialogue avec le lecteur. En vis-à-vis de la reproduction d’une œuvre, une présentation très simple de l’artiste créateur est complétée par un petit jeu d’observation. Celui-ci conduit le lecteur à regarder à nouveau la reproduction et attire l’attention du regardeur sur un point particulier à partir duquel s’opère une seconde lecture.

Ces architectures prises entre répétition et foisonnement traduisent des représentations de la ville tour à tour, oppressantes ou exubérantes. Les petits animaux dissimulés dans les rues n’empêchent pas la ville de Marco Raugei d’être étouffante dans sa répétitivité. La fragilité de la maison de dentelle de Marie-Rose Lortet contraste avec la robustesse du Palais idéal du Facteur Cheval. L’humour bancal de la Maison des trois petits cochons de Richard Greaves est comme une ouverture métaphysique sur l’incertitude et l’instabilité des constructions humaines, à l’opposé des constructions rigoureuses d’Aloïs Wey, Diego ou Auguste Merle.

Très vivement colorées les maisons de Tetsuaki Hotta ou en fines rayures noir et blanc, celles de Yuji Tsuji composent des paysages intérieurs où l’œil du lecteur se promène avec bonheur et curiosité.

Une belle façon d’attirer l’attention et d’enrichir le regard sur le monde et les choses. Une sorte de grammaire de l’architecture buissonnière…