Becket ou l’honneur de Dieu

Angleterre, XIIème siècle. Henri II Plantagenêt mène une vie de débauche en compagnie de son ami Thomas Becket. Pour mieux soumettre une Eglise catholique qu’il juge envahissante, Henri nomme Becket Primat d’Angleterre. Mais, pris au jeu de sa fonction, ce dernier s’oppose au roi ! Henri II le fait assassiner.

Publié pour la première fois en 1959, Becket ou l’honneur de Dieu est ici réédité dans une collection pour adolescents. Belle initiative, quoiqu’on ne puisse s’empêcher de remarquer qu’il est aussi proposé dans une collection adultes par le même éditeur, et ce deux fois moins cher… Passons, le chef d’œuvre demeure. Amitié virile entre deux amateurs de plaisirs terrestres, barons inconsistants et drôles de stupidité, femmes criardes cantonnées au domestique, Eglise drapée dans une dignité qui cache bien des secrets (« La sincérité est un calcul comme un autre, Très Saint Père. », p. 145)… Tout un monde rude et dur est posé. Becket le fin esthète n’y résistera pas (« L’honneur est une lacune chez moi. », p. 55). Sa nouvelle position ecclésiastique, si elle lui coûte, est aussi l’occasion de trouver un certain sens à son existence : il va défendre rien moins que l’honneur de Dieu. La confrontation entre les deux hommes, un roi faible mais humain (« Seulement, moi, je t’aimais et toi tu ne m’aimais pas ; voilà toute la différence. », p. 111) et un Becket impénétrable, est sans doute le moment d’apothéose de cette pièce en quatre actes, sans scènes. De multiples thématiques, impossibles à exposer ici, se dégagent de Becket. L’’historique s’efface devant le psychologique très nuancé, vrai gage d’intemporalité de l’œuvre. A découvrir ou redécouvrir, cette production – sans appareil critique, mais ce n’est pas l’objectif de Scripto - est une perche tendue aux enseignants.