Bleue

Dans le monde ludique où les tout petits méditent sur le monde des grands, Michel Galvin nous invite. À hauteur de linoléum, une bûchette bleue cherche des camarades, et s’invite au milieu d’un groupe de bûchettes rouges. Et là, patatras ! c’est déjà la déconfiture, le rejet, l’exclusion : car Bleue n’est pas rouge n’est-ce pas ? Et on ne se mélange pas !

Cette métaphore du jeu d’enfant qui apprend à analyser la vie, Michel Galvin la déroule sur le tapis de jeu comme sur une scène de théâtre qui accueille tour à tour en gros plan, les bûchettes, les cubes, les cailloux : un inventaire de caisse à jouets, devenus les personnages du récit enfantin sur l’intégration, la reconnaissance, et l’identité. De désillusion en déconvenue, Bleue la bûchette sans se décourager, poursuit sa quête d’amitié. Enfin, la tourne l’amène au milieu d’un sacré bric-à-brac coloré et acidulé, les pas-rangés du fond de caisse : entre Sophie la toupie, Margotte la botte, Herbert le R vert ou Camille la chenille, voilà que Bleue la bûchette se sent plus à l’aise ; ici, la diversité invite chacun à s’entendre, pour jouer bien sûr. Mais sûrement aussi à s’accepter, l’autre comme soi-même, tel que l’on est, ovale, rond, carré ou tarabiscoté. Et se nommer, identité singulière mais légitime.

Une sage réflexion sur l’univers des tapis de jeu et des cours de récré, où les rangés, les classés, les surclassés de la société sont malgré leur arrogance, bien isolés à côté du grand et joyeux bazar de la diversité. À partager à volonté.