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Un "viol virtuel". Voilà comment le narrateur ressent la lecture intempestive de son blog par son père. Il décide de ne plus lui adresser la parole. Le père confie alors à son fils un carton rempli de photographies, de lettres et de carnets intimes datant de sa propre jeunesse dans les années 1980.
Agé de 16 ans, conscient de son évolution en tant qu'adolescent, le héros a déjà un recul certain sur lui-même. C'est cette capacité introspective, une donnée de départ, qui va lui permettre de voir rapidement plus loin que sa colère et de découvrir son père sous un autre angle. Un secret de famille plus tard, la réconciliation et une nouvelle relation sont possibles. L'écriture au présent, resserrée sur une intrigue unique, est d'une grande fluidité, d'un naturel captivant. L'auteur fait preuve d'une empathie confondante pour ses personnages et leurs affects, et évite ainsi tout racolage ou tragique exagéré, pourtant faciles dans le contexte. La richesse et surtout la justesse du vocabulaire du narrateur effacent complètement l'effet de phrases courtes, (dé)construites au fil de la pensée, et les termes du langage oral (les premiers mots sont tout de même "Putain de merde" : de quoi arrêter plus d'un adulte bienveillant…). Mettant en regard deux modes de confidences adolescentes, Blog peut aussi se targuer d'être une réflexion quasi-sociologique sur les usages des jeunes au fil du temps…. Sensible et sincère, un roman drôlement "chouette" - comme aurait dit le père - à lire au plus vite !