Calma, Embrouille et débrouille

Calma a des journées bien occupées : après le lycée avec Vanessa, son amie si renfermée et triste, elle file à la supérette du coin pour travailler et retrouver son collègue le beau Jason. Et puis bien sûr, elle doit surveiller sa mère, surnommée le Frigo (à cause des petits mots qu’elle y épingle) : elle la soupçonne de vouloir rétablir une relation avec son père, qui les abandonnées des années plus tôt.

Chronique de la vie quotidienne d’une adolescente à la fois débrouillarde et maladroite, Calma, embrouille et débrouille mène de front trois intrigues dans trois registres très différents : amoureux pour Jason, familial pour le Frigo et dramatique avec Vanessa. La narratrice Calma est une raconteuse hors pair : passionnée de littérature, elle manie et mêle une langue vulgaire aussi bien que soutenue. Elle alterne son récit avec de pseudo-reportages journalistiques, des fiches signalétiques sur les gens qui lui sont proches, des dialogues théâtralisés… Régulièrement, les échanges de méls entre Calma et sa professeure d’anglais donnent lieu à un petit poème. Un vrai bonheur de lecture, original et drôle, qui s’interroge sur la fiabilité de l’écrivain et propose les fonctions AvanceRTM pour les ellipses et RembTM pour les retours en arrière. On en oublierait la profondeur du propos, car Calma est une jeune fille sensible derrière la dérision apparente. Si les considérations la concernant sont crédibles, je suis restée un peu circonspecte sur la manière très rapide de traiter le problème – grave – de Vanessa. Sans doute l’auteur n’a-t-il voulu donner que des pistes, des fêlures dans un ouvrage qui suit le rythme chaotique et rapide de la vie. Qu’importe, avec cette suite à L’Embrouille entre Kiffo et le pitbull, Barry Jonsberg confirme une voix originale parmi les auteurs australiens contemporains.