Champion

A toute première vue, le lecteur pense qu'il va lire des nouvelles. Effectivement, chaque chapitre introduit et suit un nouveau personnage, un adolescent à la personnalité affirmée, singulière. Peu à peu, ils se croisent, et composent un drame : Brandon, champion d'athlétisme, a disparu. A-t-il été heurté par une voiture ? Maltraité par un déficient mental ? Ou encore une autre option… Brandon était tracassé depuis quelque temps par la proposition de son entraîneur de se doper.

L'exercice n'est pas forcément nouveau, mais Christophe Léon le maîtrise à la perfection. Sur cette sarabande virtuose de situations qui se recoupent, il a donc le loisir de se consacrer aux psychologies, et à des thématiques actuelles. Dopage institutionnalisé, obsession du paraître, solitude des fragiles, poids des héritages parentaux… De très nombreux sujets sont brassés, composés finement en quelques mots et avec une écriture incisive, courte, mêlant les types de narration (omniscience, discours indirect libre...). Combiné à des figures vraiment intéressantes, le livre rend compte de la vie avec un grand V, dans ce qu'elle a de plus quotidien comme de plus extraordinaire. La fin ouverte, presque frustrante, ne gâte rien.

« Le coach, c'est, réunis en une seule personne, ta mère, ton père, ton pote, ton sergent, ton confident, ton médecin, ton diététicien, ton entremetteur, ton philosophe et ton maître à penser. […] Alors tu cours. Le matin, tu travailles l'endurance. Tu gires sur la piste en accélérant progressivement. Au coup de sifflet, tu marques une pause. [...] » (p. 124)