Coeur peur

Une fois encore, parce qu’elle s’est sentie « nulle » face à son vélo crevé, Bell est complètement découragée. Elle trouve refuge chez ses amies et, ensemble, elles décident de surmonter l’obstacle et de faire face. Elles partent à vélo en forêt et vont apprendre à dépasser leurs peurs. Haut les cœurs !

L’histoire suit leur parcours, d’une maison à l’autre, celle d’une sœur aînée ; les quatre amies regardent le monde, échangent et apprennent à vivre.

Dans un format de roman graphique, le texte d’Aurélie Guérinet découpé en paroles accompagne les illustrations de Marine Duchet. À la différence de certaines BD, les dialogues ne sont pas encapsulés dans des bulles et les images ne sont pas cernées comme des vignettes. Des pleines pages permettent des points de vue différents et rendent compte des avancées : autour d’une roue, chacune détaille une étape de la réparation ; les quatre jeunes femmes cheminent de jour, de nuit dans leur voyage aussi bien physiquement que psychologiquement.

Brune, blonde, rousse ou verte, chaque adolescente a sa personnalité. Si en commun, elles revendiquent la cuisine, la couture et la mécanique, chacune exprime calmement, clairement ses peurs : existentielles (celle du temps qui passe, de ne pas être honnête avec soi-même) ou plus modestes mais vives (la honte d’avoir cassé la tasse préférée de sa mère, la honte d’être effrayée par les prises de sang). Lorsque les confidences sont terminées, les peurs assumées et la prise de conscience que la peur est inscrite dans la vie effectuée, le calme s’installe et un maître mot conclut cette balade initiatique : « rebondir ».

La puissance des couleurs, la vivacité des échanges, le mouvement de la conversation rendent proches ces adolescentes et fort le message transmis. Un livre puissant.