Contes d'enfants réels

Un enfant grandit, devient de plus en plus difficile, jusqu’à ce qu’il tombe amoureux. Une petite fille harcèle son père pour qu’il joue avec elle. Une autre brise le tabou de la mort. Surprotégée, une troisième s’échappe dans le jardin. Un dernier refuse de se soumettre à l’apprentissage forcé du violon.
L’idylle entre Suzanne Lebeau et le théâtre pour les plus petits se voit confirmée de pièce en pièce. L’auteur excelle à inventer des atmosphères toutes de justesse et de tendresse des sentiments, accessibles dès 5 ans sans limite d’âge. Au cœur de ses histoires : les relations parents/enfants. Ici, en cinq longues scènes sans liens entre elles, de jeunes héros détournent les attentes des adultes, qui, croyant bien faire, les empêchaient de faire leurs propres expériences et de se développer à leur rythme. Et c’est avec beaucoup d’humour que la spontanéité enfantine supplante les volontés parentales : le père distrait qui ne veut pas jouer avale une chenille que lui tend sa fille, le petit musicien joue à pisser loin devant son professeur estomaqué… Des jeux de langage savoureux autour d’expressions animalières font rire dans Le Monstre, ouvrant la voie à une poésie des mots qui trouve son apogée dans Les Chapeaux de Camomille ou Histoire à se mettre sur la tête. La force de vie de la prime jeunesse explose chez cette toute petite fille qui rejoint le jardin quand la nuit tombe. Deux personnages seulement jouent ces pièces, passant d’une voix à l’autre, se renvoyant la parole en de courtes répliques : une espèce de musicalité dynamique doit se créer à la mise en scène, et la rendre à la fois virtuose et captivante. Comme souvent chez Suzanne Lebeau, pas besoin de trop de décors : même imparfait, le langage est le vecteur essentiel de la communication, et de l’amour, entre les êtres.