Contes et légendes du Burkina-Faso recueillis en pays sénoufo.

Pour bénéficier pleinement du trésor culturel qui se cache dans les contes, on a souvent besoin de connaître le pays où ils se racontent, son histoire, les gens qui y vivent. Et le pays sénoufo, d’où viennent les contes rassemblés dans cet ouvrage, est peu connu, d’autant qu’il est aujourd’hui partagé administrativement entre le Mali, le Burkina-Faso et la Côte d’Ivoire. Mais ceux qui ont recueilli ces contes ont pris soin d’accompagner chacun d’eux d’informations complémentaires, qui aident à décoder sans empêcher de rêver. Mieux encore, ils racontent dans la dernière partie de l’ouvrage, comment la collecte a été réalisée, dans quels lieux du Burkina-Faso, et qui étaient les conteurs. On découvre alors un échange culturel prolongé et profond, qui explique la qualité du résultat. Les contes mettent en scène beaucoup d’animaux : de la panthère au mille-pattes, en passant par les termites et le phacochère, et bien sûr le lièvre dans le rôle du malin et l’hyène dans celui du stupide et
méchant. On y rencontre aussi les hommes et les femmes, jeunes et vieux, leurs vies et leurs morts, leurs histoires d’amour. Et on comprend pourquoi « les seins ne peuvent plus être décrochés » et pourquoi « les co-épouses ne s’entendent plus » ! Les enfants sont là en permanence, comme dans les villages burkinabès, et les contes disent « comment on fait les enfants » ou ce qui arrive à «  la fille qui ne voulait pas de son mari ». Les génies sont souvent
présents, parfois bienveillants mais parfois exigeants, comme les lutins d’autres pays. Mais ils ne sont pas seuls à avoir des pouvoirs : on découvre au fil des pages celui des sorciers et des sorcières, celui des chasseurs. Et même dans les contes les plus épiques, tout finit en général par une maxime pleine de sagesse ou de pragmatisme : « une vieille personne assise voit plus loin qu’une jeune personne debout », ou « quand deux personnes s’aiment sincèrement, la bonne fortune les accompagne toute leur vie » ou encore «  qui veut devenir chef doit savoir mentir pour y parvenir » !
En lisant ces textes, très fidèlement recueillis, on se sent comme à la veillée villageoise, dans la nuit chaude, au son des balafons et des djembés. C’est à la fois un grand dépaysement, et un moyen de se sentir plus proche de l’Afrique de l’ouest. Un ouvrage qui réussit à faire partager beaucoup plus que des histoires merveilleuses