Dans le noir de l'ascenseur

Il s’appelle « le garçon » et un narrateur externe l’observe, pour ne pas dire l’ausculte en se glissant dans sa tête. L’objectivité, la factualité sont de mise, mais sans froideur car il a peur ce petit ! Peur du noir, peur de se faire gronder, peur… de la vie ? Il imagine les scénarios catastrophe, la police à sa recherche, sa maman éplorée. Et puis il a une illumination (c’est le cas de le dire, dans le noir). Il se rappelle son papa, dont on comprend l’absence, laquelle à son tour explique peut-être la fragilité. Le père est son modèle, d'ailleurs il porte sa casquette rouge maintenant. Des souvenirs heureux lui donnent la force d’appuyer sur le bouton d’appel à l’aide. Il est sauvé, il n’a plus peur, il a grandi.

Le dessin à l’encre fine, minimaliste sur de grands aplats, la typographie en bâtons et la quadrichromie noir-blanc-bleu-rouge rendent une atmosphère inquiétante, que la cause en soit la situation périlleuse ou la psychologie du héros. On devine un traumatisme, quelque chose de grave, mais chaque jeune lecteur pourra malgré tout s’identifier et suivre l’histoire avec une petite boule au ventre. Un album intelligent sur les peurs irrationnelles, la prise d’autonomie, l’apprentissage en somme.