D'entre les ogres

Un jour, dans la forêt, l'ogre et l'ogresse récupèrent un bébé abandonné. Contre toute attente, ces deux monstres en mal d'enfant adoptent la petite Blanche. Elle grandit, plus gâtée que n'importe quelle jeune humaine parmi les humains. Et elle commence à poser des questions dérangeantes, notamment sur les repas de ses parents. Alors, le cœur brisé, l'ogre et l'ogresse décident de rendre Blanche à son peuple, au village. Mais l'ogre est attrapé, bientôt préparé pour son exécution. Blanche se précipite afin de montrer que son père adoptif est inoffensif. Par son geste instinctif, la fillette espère aussi trouver qui est sa vraie famille…

L'alliance d'un texte sec et fort et d'illustrations concentrées sur des expressions, entourées d'une sorte d'effet de fumée, font de l'album une réussite brute. En phrases courtes au présent, Gilles Baum égrène les moments de la vie de la fillette, qui de nourrisson adoré passe à jeune enfant trop curieux, avant de faire triompher l'innocence. Le style est direct, émouvant. Quant aux grands dessins, ils ne s'encombrent pas de décors : il s'agit ici d'âmes, d'amour et donc de personnages. Lorsqu'elle interroge encore et encore, on s'amuse d'ailleurs de voir Blanche plisser les yeux et devenir plus monstrueuse que ses sympathiques parents aux grandes dents. Le livre aux accents anciens (« Sa vie d'entre les ogres, D'entre des parents imparfaits. ») compose une façon originale, impressionnante, de parler des éternels sujets de la différence et de l'adoption.