Entre les vagues

Attirance et désarroi sont les deux termes qui caractérisent le mieux le paysage sentimental de Tommy, jeune garçon découvrant les joies et tourments d’une amitié profonde auprès de Cecil. Tout à coup, plus rien, ni personne ne l’intéresse, seul Cecil - avec ses longues jambes, son corps dégingandé, son énergie et ses silences - retient son attention. Une communauté de goûts les rapproche. « Si Tommy avait rencontré Cecil au collège, ils n’auraient pas été amis. Ils n’auraient pas su quoi se dire. Mais ici, ici c’est différent. » Seulement l’amitié demande du temps pour se connaître, provoque des émotions nouvelles qui troublent Tommy. Aux bonheurs partagés, succèdent les peines solitaires. « Il rentre. Il tourne dans la cuisine. Il se fait des tartines de Nutella. Il boit du lait. Rien ne le remplit, rien ne l’apaise, rien ne chasse la phrase. Je ne vais pas y arriver. Je ne vais pas y arriver. » Finalement, « Tommy tourne en rond dans la maison vide. » Face à cette situation en abyme, le lecteur entend la voix d’un être en quête d’unité qui fait son entrée dans le monde des adultes. Claudine Galea a trouvé un vrai langage pour dire l’indicible avec une économie de traits. Les phrases inachevées de Tommy sont livrées au lecteur sans plus de façon, au rythme des questionnements qui entraînent ruptures et tempêtes dans la jeune tête fiévreuse qui cherche la lumière. Un très beau roman, court et fort.