Es-tu vraiment vraiment mon ami ?

« Es-tu vraiment mon ami ? » est la question angoissée de Louise la souris à Nestor l’éléphant. Comment imaginer une telle amitié ? Dans l’affection réciproque et les petits soins que l’un prend pour l’autre, diriger une chorale de mouches ou faire surgir un arc-en-ciel. L’amitié telle qu’elle est décrite et illustrée est faite de douceur, celle des cerisiers en fleurs et des tisanes partagées, celle de la nuit contemplée côte à côte. Cette complicité affectueuse est traitée en saynètes où se découpent les personnages, où les messages se dévoilent dans les cachettes du décor…

Pourtant, tout les oppose. La taille bien sûr, mais surtout la terrible inquiétude de Louise qui se pose des questions existentielles. C’est donc face aux étoiles qu’elle se lance dans un de ces débats sans fin qu’affectionnent les enfants : « Pourquoi tu m’aimes ? Et si j’étais... ? » Dans ce dialogue entre grand et petit, le grand a réponse à tout (ou presque) et le petit relance sans arrêt la conversation : « si j’étais hirondelle/poisson/lettre/bateau/cheminée/vélo » envoyés à la volée par Louise trouvent comme réponse, « je serais nuage/rivière/timbre… » jusqu’à l'inversion des rôles. « Si j’étais un éléphant », dit-elle... « Alors je serai Louise », dit-il.

Les éditions Rue du Monde permettent ainsi de faire connaître un album lituanien de Marius Marcinkevicius et Ausra Kiudulaite, plein de couleurs et de formes. Des détails multiples rehaussent une trame classique d’une touche burlesque. Des petits yeux et une longue trompe, habillé comme un jardinier, Nestor a bonne mine. Avec son museau pointu et ses petites oreilles rondes, Louise a le dernier mot : « Bonne nuit mon ami », de quoi calmer l’angoisse, celle de la nuit, du sommeil et apaiser les tensions. « Bonne nuit Louise » a-t-on envie de répondre pendant que Nestor s’est endormi !