Et pourtant nous sommes vivants

Dans cette fiction à voix multiples, nous lisons les témoignages de quatre jeunes de 16 à 17 ans ayant vécu une fusillade lors du festival annuel de leur ville. Nous apprenons au fur et à mesure de quelle façon leurs chemins de vie se croisent et s’entremêlent. 

Le récit débute avec une scène simple : Eliot, l’une des protagonistes, danse au milieu de la foule du festival. Chaque personnage raconte cette scène à tour de rôle ce qui nous introduit à leur personnalité. Les interventions sont courtes et se répondent avec fluidité. 

Puis le feu d’artifice commence et la lumière se reflète sur les visages, un moment de poésie fugace face à ce qui va suivre. On ne comprend pas tout de suite de quoi il retourne, mais on sent bien que quelque chose ne va pas. Très vite, tout bascule. Un état de confusion et de chaos général s’empare de la foule : quelqu’un tire des coups de feu. Les lumières de la fête laissent place à la noirceur de la nuit, et nous avançons à tâtons avec les quatre ados qui essaient de survivre et d’assimiler ce qui se passe. 

Les témoignages de personnages secondaires (un policier, la négociatrice de crise, etc.) permettent d’appréhender le tragique événement dans toute sa complexité. Le lecteur saisit alors l’incrédulité initiale, le manque de préparation et le manque de moyens face à une attaque terroriste dans une petite ville.  

Le récit est poignant et tout en tension. L’alternance de points de vue nous tient en haleine du début à la fin et nous suivons la manière dont les préoccupations « banales » de ces jeunes se mélangent à l’horreur de la fusillade. La diversité des tempéraments permet de deviner facilement qui parle, d’autant que les prénoms sont indiqués à chaque prise de parole, et nous nous attachons à la vie de ces quatre héros, tout comme à celle de leurs proches.

Un roman percutant, qui ne s’attarde pas sur les raisons de l’attaque ni sur l’identité des terroristes mais qui se concentre sur le vécu des personnages et les liens qui les unissent. 

Une ode à la vie et surtout à l’amour qui devrait toujours primer sur la peur.