Et si je me perds ?

Affronter l’avenir et le vaste monde alors qu’on est si bien, petite, au creux d’un univers familier, tel est le défi auquel Chloé, la petite oie, doit obéir. Elle est mignonne comme tout, Chloé, assise sur une butte au bord de l’étang, plongeant dans l’eau, jouant avec les feuilles et les papillons. En grandissant, elle a appris « comment frapper l’air de ses grands ailes », de façon naturelle. On pourrait dire que c’est une enfant heureuse. Lorsque sa mère lui parle de long voyage, Chloé refuse. NET. Mettre en regard, le « vaste ciel sans fin » et le trou dans la rive où elle peut se cacher est sans contestation possible, pense-t-elle, au bénéfice des buissons, la tête sous l’aile. Pourtant lorsqu’elle se réveille la nuit, seule, l’angoisse l’étreint.
Sa mère ne l’a pas pour autant abandonnée. Lui laisser éprouver la solitude pour dépasser la frayeur de l’avenir, tel est le subterfuge que la mère met en place. Le dialogue entre mère et fille qui s’installe laisse la petite exprimer sa peur. La mère oie répond du tac au tac, avec constance et tendresse jusqu’au moment où elles envisagent le renversement de situation lié à la vieillesse. Et c’est alors la jeunette qui sera le guide…

Sur cette histoire de peur de se lancer, peur de grandir et de vieillir, texte et images rivalisent de tendresse. Dans un univers bleu, le blanc des plumages d’oies est mousseux, les gestes tendres sont anthropomorphisés mais les oies restent proches du réel et le moment où elles s’élancent toutes les deux est criant de vérité. Un bel album classique pour se rassurer dans les bras de maman avant de s’élancer.