Et si la mer était bleue ?

« Le garçon semble pressé. Il a une drôle de démarche. » Pour se rendre à l’école, il doit suivre le long boulevard qui borde la mer. Le cri d’un goéland fait se tourner vers le ciel le regard du jeune garçon qui jusqu’alors scrutait nerveusement sa montre. Il  ralentit ainsi le pas puis observe la mer. Tant pis pour l’école, il décide d’aller sur la plage et de faire des ricochets. « Le garçon compte : 2…3…4… »

« 5 …6…7… Alex compte dans sa tête. Elle s’oblige à rester immobile jusqu’à 10. » La jeune fille se réveille ce matin en se remémorant parfaitement le rêve étonnant qu’elle a fait cette nuit. Elle revoit comme si c’était un souvenir réel ce jeune garçon sur la plage qui faisait des ricochets dans une mer complètement rouge !

De retour chez lui, le jeune garçon raconte à sa mère l’étrange rêve qui a marqué sa nuit. Il a rêvé d’une jeune fille qui avait rêvé de lui. Mais le plus étrange dans ce songe, c’est que dans le monde de cette jeune fille, la mer était bleue !

Il est très difficile voire impossible de résumer ce court roman de Mikaël Ollivier tant son intérêt réside finalement au-delà de l’intrigue principale. Car effectivement, à proprement parler, il ne se passe rien : pas de rebondissements, ni de coups d’éclats, ni d’aventures rocambolesques dans ce récit.  Ce qui importe réellement dans ce texte c’est la rencontre en rêves – fictive ou non – entre deux jeunes gens qu’un handicap physique (le garçon claudique et Alex a la jambe dans le plâtre) et une sensibilité à fleur de peau rapprochent. Les chapitres consacrés successivement au garçon et à Alex s'enchaînent de manière extrêmement fluide en se faisant écho grâce à de brefs dialogues et à des phrases courtes où les verbes d’action dominent, ce qui sème très rapidement le doute chez le lecteur : qu’est-ce qui relève du rêve, qu’est-ce qui relève de la réalité ? La question reste entière, aux lecteurs de débattre maintenant !