Fugue majeure

La grand-mère de Nini, qui devait bientôt se faire opérer, fugue le jour de son anniversaire. Sa petite fille, très proche d’elle et qui aurait besoin d’être consolée pour une histoire de cœur, part à sa recherche. Elle la retrouve au bord de la mer, peignant des nuages comme à son habitude. Apaisées l’une et l’autre, elles rentrent à Amiens.

Fugue majeure, c’est tout simplement la fugue d’une personne majeure, vue par la jeune narratrice Nini, pas loin de suivre le geste de sa grand-mère (« C’est comme ça que je suis partie ce matin d’avril aigre-doux sur les traces de mamie et peut-être aussi un peu de moi-même. », p. 35). Les douleurs – physiques et morales - de la vieille dame sont bien sûr évoquées en ce qu’elles peuvent avoir provoqué ce geste de fuite, mais nous suivons surtout le parcours psychologique de Nini. Face à une mère absente, la jeune fille cherche des repères pour se construire au moment de l’adolescence : le départ de la « mamie », modèle de vie, est alors une véritable tragédie. Dans un double mouvement, la petite fille réconciliera, grâce à un rêve, son aïeule avec son passé et le grand-père disparu, tandis qu’elle pourra envisager plus sereinement l’avenir avec l’aide de la grand-mère. Martine Pouchain dit s’être inspiré de sa propre vie pour nous décrire cette relation avec beaucoup de tendresse (« Mamie, je l’aime plus que tout. Elle m’a appris que les hannetons bourdonnent comme un avion que le vent pousse. Elle m’a appris comment faire un bruit de mirliton […] », p. 13). Cela donne comme souvent avec l’auteur un roman court, mais dense. Les jolies illustrations animalières de Carole Gourrat, en tête de chapitres, apportent une note sensible tout à fait bienvenue.