Haïti, soleil noir

A la suite du violent tremblement de terre qui secoua Haïti en 2010, Shorty (15 ans) s'est battu pour survivre, prisonnier d'un amas de décombres. Pressentant l'imminence de sa mort, le jeune Haïtien remonte alors le cours de sa tragique existence. Né à « Cité soleil », un bidonville qui a la triste réputation d'être le plus pauvre et le plus violent au monde, Shorty raconte sa descente aux enfers depuis l'enlèvement de sa sœur jumelle Marguerite et l'assassinat de son père par un gang rival. Cette tragique destinée contemporaine est étroitement liée à celle, plus ancienne, de Toussaint Louverture, « un homme simple et sans éducation » qui a pris la tête de la Révolution haïtienne entre 1791 et 1802 dans le but de libérer son peuple de l'esclavage. Sa victoire n'a été que de courte durée, puisqu'il fut fait prisonnier et mourut seul et abandonné.

Afin de nous familiariser à la culture haïtienne, Nick Lake alterne les chapitres entre présent et passé pour nous plonger au cœur de deux existences reliées par les forces de l'esprit qui les habite tour à tour. Si l'esclavage aujourd'hui a bel et bien été aboli, le peuple haïtien souffre toujours d'une extrême pauvreté à l'origine d'une violence criminelle inouïe. Mais malgré cette tragédie quotidienne totalement inhumaine, certains parviennent, avec l'aide des esprits (liés au culte vaudou) à rendre leur monde plus acceptable.

Si ce récit, comme le spécifie son auteur, est fictif, il est aussi le fruit d'un grand travail de recherche basé sur des faits réels, notamment les chapitres relatifs à Toussaint Louverture ainsi que les descriptions du quotidien des habitants de « Cité soleil ». Malgré la qualité informative indéniable et engagée de ce roman, on regrette le manque de concision de certains passages rendant à la longue la lecture fastidieuse et très pesante. Dommage.