Highline

L'avenir est devant le narrateur. Ou plutôt, au bout de sa « slackline », une sangle de cinquante mètres tendue entre deux tours parisiennes. Avec son copain Mouss, ce sont des amateurs, mais ils n'ont pas froid aux yeux. Rien à perdre ? Le héros aura tout le temps de réfléchir à sa vie pendant les quelques minutes que vont durer la traversée en plein ciel.

C'est le principe de la collection « d'une seule voix » : le texte, court, s'apprécie d'autant mieux qu'il est lu à voix haute. Les phrases abruptes, les effets de répétition, l'ensemble poétique et moderne donnent alors tout leur sens à une histoire généralement saisissante. Ici, il est question de la vie dans tous ses états : la naissance et ses incertitudes, la mort à effleurer du bout des pieds... Pas rebelle, assez ordinaire, notre jeune homme souffre d'un lourd secret autour de ses origines. Si on comprend rapidement la problématique, à demi-mots, il nous reste à suivre au fil de ses pas son cheminement intérieur et sa décision finale. Malgré la forme du monologue, beaucoup d'éléments ne sont que suggérés, stimulant évidemment l'imagination du lecteur (tout en le frustrant ?). Une thématique ressassée mais profonde, sur un mode résolument original, entre funambulisme et oralité jeune.

« De là où je suis, la souffrance et la saleté sont invisibles. La Terre doit être bien belle pour un dieu. » (p. 24).