Ivoire noir

Sam a fui le Libéria, son pays natal, à cause de la guerre. Il s’est réfugié en Norvège et s’est fait un ami, le narrateur. Celui-ci est orphelin et mal dans sa peau et sa vie. Ensemble les deux amis, soudés par la dureté de leur passé, font les quatre cents coups à Oslo. Ensemble, ils décident de quitter la Norvège pour aller en Côte d’Ivoire, à la recherche de la mère de Sam.
C’est dans un pays en pleine guerre civile qu’ils débarquent. La vie n’y a pas grande valeur, on entraîne les enfants-soldats, on violente les femmes ; les trafics en tous genres, la corruption, la violence ensanglantent le quotidien. Pour le narrateur, qui se dit pourtant un dur, c’est un véritable choc que ce premier contact avec l’Afrique. Il se raccroche au livre qui ne le quitte pas, le roman de Conrad, Au cœur des ténèbres. Pour Sam, c’est différent, il a déjà connu la guerre. Pourtant, les deux amis continuent ensemble, dans ce road movie très noir.
Petit à petit, leur regard sur les êtres, les événements, sur eux-mêmes, change, se fait plus aigu. Petit à petit, le lecteur les accompagne, pénètre dans leur univers mental, comprend qui sont véritablement ces deux personnages, leur passé, leurs motivations. On s’enfonce aussi au cœur des ténèbres et on ne lâche pas ce roman puissant, jusqu’à la scène finale qu’il ne faut surtout pas dévoiler.
Histoire d’amitié, parcours initiatique, vision de l’Afrique, chronique d’un pays en guerre, ce roman est tout cela à la fois, et c’est ce qui en fait sa richesse et sa complexité passionnante. Arne Svingen décrit une situation très dure, et montre, sans concession mais sans exagération non plus, une certaine réalité africaine. Grâce à une écriture très sensible, cet écrivain norvégien, journaliste et écrivain, largement récompensé dans son pays pour ce roman, réussit à happer le lecteur d’un bout à l’autre. Si en plus, il parvient à sensibiliser les adolescents européens à ce qui se passe ailleurs …