Jack

Le regard en arrière par-dessus l’épaule, son œil gauche rond souligné par une tache rousse, il n’a pas l’air pleinement rassuré Jack le chien sur la couverture de l'album. Que craint-il ? On comprend vite son dilemme : creuser des trous pour cacher son os comme un jeune chien qu’il est OU recevoir des caresses et des os en marque de gratification de la part de ses maîtres si (et seulement si, hélas), il ne détruit pas l’ordre du jardin. Pris entre instinct et amour, la vie est cruelle pour Jack.

On s’associe à son dépit lorsque sa « maman » le chasse du jardin parce qu’il a abîmé ses fleurs ou lorsqu’il est grondé parce qu’il a fait des trous dans le gazon… Les jeunes lecteurs compatiront à sa tristesse et seront touchés par sa tête basse de chien malheureux. Ils comprendront les bêtises qu’il commet, par compensation, en dérageant le chat, les oiseaux, ou en faisant pipi sur l’oranger. Ils partageront le sentiment d’injustice qui possède le chiot : à lui, on interdit de creuser alors que c’est autorisé pour les vers de terre ! Mais, ce qui est d’abord désordre d’un chien fou va être pardonné quand il devient fin limier…

Gabriel Gay croque d’un trait vif les attitudes du chien. Les quelques touches de couleur, la part du blanc dans l’illustration rendent plus évidents les sentiments. En dépit de situations répétitives pas totalement convaincantes et de relations maîtres/chien un peu ambiguës, les enfants apprécieront l’humour, la vitalité du personnage central et son triomphe final.