Je lui ai promis

Petit dernier d'une fratrie de neuf enfants, Philippe a souffert du décès brutal de son père et ses résultats scolaires s'en ressentent. Sa mère, Eliane, voudrait mourir de douleur mais s'accroche à la promesse faite à son mari, celle d'accompagner Philippe et de lui permettre de bonnes études. Ce serait également une revanche pour elle qui n'a pas dépassé le certificat d'études primaires. Mais Philippe se laisse porter et ne donne pas signe d'une quelconque volonté de réussite, que ce soit au lycée ou au club cycliste de Blois. Deux professeurs à la retraite s'intéressent alors au jeune homme et se donnent pour objectif de le remettre à niveau en vue du concours de l'Ecole Normale. Et Eliane rêve à nouveau d'un instituteur dans la famille...

Le narrateur externe brouille d'abord les pistes : va-t-il suivre Philippe, à l'aube de construire sa vie et autour de qui tout tourne, ou Eliane, mère courage en deuil ? Face à un garçon passif, presque absent de sa vie, Eliane va réfléchir, oser, agir. Et le lecteur reconstitue peu à peu : et si c'était elle, la petite fille de La guerre d'Eliane ? Et si Philippe avait à voir avec notre auteur ? Et si toute une partie de son œuvre était plus ou moins autobiographique ? L'émotion gagne, avec toujours cette écriture chaleureuse et naturelle propre à Philippe Barbeau (si on en croit ses dires, ce n'était pas gagné).
Une France de plaisirs simples, modeste mais fière, et dans laquelle le travail trouve sa récompense, se montre à nos yeux : c'était il y a cinquante ans, nous avons l'impression d'un temps lointain. Mai 1968 a glissé sur le jeune Philippe ; en juin, le concours en poche, il est enfin prêt à croquer son avenir. Eliane peut alors se reposer avec sérénité, elle a tenu sa promesse à l'époux tant aimé. Une touchante histoire personnelle dans un contexte historique singulier, et un roman clé parmi les écrits de l'auteur.