John Brown, Rose et le chat de minuit

L’idée est excellente : rééditer (pour la deuxième fois en France) cet album qui pourrait se passer de paroles tant son expressivité dépasse les décennies. Il date en effet de 1977, mais cela ne se ressent peut-être que dans le design des fauteuils du salon de Rose.

La vieille dame vit paisiblement avec son chien John Brown, venu combler de tous ses poils, qu’il a longs et nombreux, la disparition du mari de Rose. Une nuit, Rose remarque un chat noir dans le jardin. Soir après soir, elle tente de le faire s’approcher, alors que John Brown met tout en œuvre pour chasser l’intrus. Rose fait semblant de rien, mais va faire du chantage auprès de John. Ce dernier finit alors par céder son fauteuil au chat noir. Signe ultime de bien-être, le félin se met à ronronner au coin du feu…

Le texte est minimaliste, presque superflu : tout se passe dans l’image, ronde, velouté et colorée juste ce qu’il faut. Chaque action décrite est renchérie par un geste, une attitude, un regard, un sourire, aussi bien de la part de Rose que du chien – et ce malgré la longue fourrure de John qui lui mange les yeux –. Cette maîtrise du détail et de l’émotion confère toute sa profondeur au propos, au fond une histoire assez simple de jalousie et de tolérance, vue à travers des animaux. Et depuis quarante ans maintenant, Rose peuple sa solitude de vieille dame ! Un indispensable de toute bibliothèque.