Kissou

Un matin, Amina se réveille en sursaut à cause du vacarme, des éclairs et de l’odeur de poussière qui viennent du dehors. C’est la guerre et il faut fuir, sans réfléchir, emporter l’essentiel et laisser le reste derrière soi. Accrochée à sa maman et à son petit ourson bleu Kissou, qu’elle traîne partout depuis qu’elle est petite, Amina ne sait pas encore qu’elle se prépare à affronter un long voyage. Il faudra d’abord prendre un autobus bondé, attendre dans un campement provisoire un bateau de fortune avec lequel elle manquera de se noyer, pour se retrouver finalement dans un pays inconnu au milieu de milliers de réfugiés, comme elle.

Le désastre humain de la guerre et de la migration est abordé ici à hauteur d’enfant, avec pudeur et sensibilité. Dans ce chaos où soudain tout s'effondre, Kissou, le petit ourson bleu, reste pour Amina le seul repère qui lui permet de contenir sa peur et ses larmes. À la fin, l’ourson doudou sera malheureusement perdu dans la confusion mais, comme un passage de relais, viendra apporter à un autre petit garçon égaré un peu de réconfort.

Autrice prolifique (une centaine d’ouvrages à son actif depuis 1988), aujourd’hui installée au Canada, Angèle Delaunois écrit avec des mots simples un texte chargé d’émotions. Les dessins au trait noir rehaussés de quelques couleurs parcimonieuses (l’ourson bleu, le sac rouge, comme l’incendie dans la ville en guerre), réalisés par un artiste franco-brésilien, Jean-Claude Alphen, sont toujours justes et vont à l’essentiel. L’album, publié aux éditions québécoises D'eux, peut ainsi être un bon support, même avec les plus jeunes, pour évoquer avec douceur un sujet grave et malheureusement toujours d’actualité : le destin tragique des enfants exilés, qui ont grandi trop tôt.