La chanson d'Orphée

Claire est l'amie et même l'amante d'Ella. Elles se connaissent par cœur depuis l'enfance, et c'est Ella qui raconte leur quotidien de lycéennes. Le ton est romantique pour décrire des situations pourtant crues et modernes. Et puis arrive Orphée. Il n'a pas d'attaches, il chante et joue de la musique comme un dieu… Ella et lui tombent follement amoureux. Un mariage est organisé sur la plage. Ella s'éloigne pour chercher son époux, le drame arrive.

Il s'agit ni plus ni moins du mythe d'Orphée et Eurydice, revisité sur un ton d'adolescence actuel, mâtiné d'accents lyriques qui visent à l'absolu. Le roman est divisé en six temps (le dernier très court) et s'apparente à une vraie tragédie grecque. La narration est extrêmement soignée. Claire soutient longtemps le récit, impliquée et observatrice à la fois. Après la disparition d'Ella/Eurydice, elle entre dans un jeu théâtral où elle endosse le rôle d'Orphée ; les pages imprimées blanc sur noir symbolisent le passage aux Enfers. On admire l'audace de David Almond, capable de passionner les jeunes lecteurs en quelques arguments proches d'eux, démontrant la force de vie des mythes à travers les siècles. Dur et beau.

« Nous étions peut-être fous, ce jour-là. Peut-être que certaines choses qui semblaient arriver ne sont pas arrivées du tout. Peut-être que beaucoup de choses qui ont semblé se produire les semaines et les jours suivants ne se sont pas vraiment produites. C'était peut-être parce que nous étions jeunes et qu'être jeune, c'est comme être fou. Peut-être qu'être simplement humain, à n'importe quel âge, c'est un peu comme être fou. » (p. 61)