La Dame rouge

Après la mort de son père, Rémi, cinq ans, et sa mère emménagent dans un petit village. Ils survivent avec les travaux de broderie de la mère. La vieille voisine, Mademoiselle Rose, garde le petit garçon. Elle insiste bien : Rémi ne doit plus sortir une fois la nuit tombée ! Il y a 200 ans, la châtelaine du village a étranglé son enfant pour se venger de son époux infidèle, avant de se donner elle-même la mort. Depuis, des enfants disparaissent régulièrement. Mais un soir, Mademoiselle Rose s’endort et c’est elle qui laisse sortir Rémi, comme elle avait laissé autrefois partir son petit frère. Rémi suit une belle dame habillée en rouge jusqu’aux ruines du château. Elle l’endort… Heureusement, la mère revient à temps pour le sauver des chiens de la Dame Rouge.

Paru une première fois dans le magazine Je Bouquine en 2002, La Dame Rouge est une nouvelle fantastique dans le ton du XIXème siècle. Avec peu de moyens, une intrigue assez prévisible et une légende explicitée rapidement, le lecteur est captivé. Marie-Hélène Delval s’est attaché avant tout à créer une ambiance mystérieuse, et cela suffit. L’ambiguïté participe aussi de la réussite du récit : on ne saura jamais s’il s’agit d’un rêve ou de la réalité… La construction temporelle est assez complexe : l’histoire est racontée d’un point de vue externe au passé, mais on trouve à l’intérieur du texte des retours en arrière, des passages en italique où Rémi est le narrateur. L’action retardée ménage l’effet d’attente, le lecteur refait intellectuellement la chronologie, tout cela pour son plaisir puisqu’il sait intuitivement ce qui est advenu. L’auteur des Chats (Bayard, 1997) manifeste encore sa maîtrise du genre fantastique court.