La Maison dans la Nuit

Cela sonne comme une comptine, et c’est bien une Nursery Rhyme qui a inspiré Susan Marie Swanson, l’auteure de cet album : une de ces chansonnettes qui procèdent par reprises et associations de mots. « Voici les clés de la maison. Dans cette maison brille une lumière. Dans cette lumière il y a un lit. » On passe alors du lit au livre, puis à l’oiseau qui s’envole du livre pour éclairer à sa façon la nuit, avant de revenir à la maison, au lit, au livre.
C’est un album où le noir domine, mais un noir rendu léger, et par moments comme transparent, grâce à la technique de très fines hachures blanches choisie par l’illustratrice Beth Krommes : des gravures qui n’en sont pas et ne cherchent pas à en être, mais juste à suggérer une sorte d’atemporalité, d’universalité du propos, et peut-être plus encore de ce à quoi il répond. Car ici l’imaginaire enfantin au moment du coucher, loin d’être contenu, est simplement guidé là où règnent le rêve et l’harmonie, la douceur d’un vol nocturne, l’éclat des étoiles.
Les touches de jaune or qui éclairent çà ou là les images sont autant de repères rassurants, des petits phares qui guident l’enfant lecteur et le ramènent peu à peu à la maison, au lit, et c’est dans un mouvement de flux et de reflux que s’achève le livre, ouvrant à nouveau vers l’immensité nocturne, avant de revenir vers la fillette endormie, vers une obscurité riche de tout ce que le voyage imaginaire a fait naître.