La Marque de l'éléphant blanc

Radbert est le combattant de sa famille de cultivateurs bourguignons, celui qui part lorsque le roi Charlemagne entre en campagne et fait appel à la population. Il tombe amoureux d’une esclave, Zala, la rachète, la protège au sein d’un monastère. Cela ne suffira pas à apprivoiser la belle, princesse qui finit par s’enfuir quand elle comprend que Radbert a participé à la conquête du territoire de son peuple. Désespéré, Radbert se joint à des seigneurs envoyés en Orient par Charles, afin de ramener un éléphant blanc, cadeau d’un calife, à Aix-la-Chapelle.
A partir d’un fait historique – l’éléphant Abul-Abbas était un des joyaux de la ménagerie de Charlemagne -, Bertrand Solet brode une belle histoire d’amour contrarié, celle d’un couple atypique, qui se cherche, se trouve pour mieux se reperdre. C’est classique, de même que l’écriture et la construction linéaire, mais le lecteur aura eu le temps de prendre pied dans ce bas Moyen-Age à la fois dur, conquérant et festif, drôle aussi (voir le « moine » Guiton). Radbert, en figure du narrateur et héros, tient son rôle de chevalier sans peur et sans reproches à la perfection, et la farouche Zala ne dépare pas en noble déchue au cœur passionné. Peut-être un peu sagement tenu en bride pour plus de réalisme, le souffle de l’aventure est toutefois bien là, incarné avec splendeur par Abul-Abbas, mystère oriental perdu en Occident. Un solide roman historique accessible dès 10-11 ans.