La moufle

Voilà un album qui fait chaud au cœur ! sur la trame classique d’un conte de randonnée, Jim Aylesworth et Barbara Mc Clintock construisent un univers chaleureux. Le narrateur externe suit avec tendresse ce « drame » en 3 actes. Acte 1, le « joyeux petit garçon » étourdi, aimé par sa bonne grand-mère, perd une moufle. Acte 2, celle-ci est colonisée par des animaux de plus en plus gros, écureuil, lapin, renard, ours, jusqu’à la souris finale. La ritualisation du texte, la préciosité du vocabulaire « douillet, moelleux », la mise ne jeu et en images virtuose des animaux qui se glissent comme ils le peuvent dans la moufle ( très) extensible et la béatitude qui se peint sur leur visage lorsqu’ils y parviennent suscitent chez le lecteur un plaisir culminant jusqu’à l’explosion finale. Acte 3, grand-mère et petit-fils sont perplexes, ils ignoreront à jamais ce que le lecteur, lui, connaît. Tout le charme de cet album très anglais réside dans ces décalages entre anthropomorphisme et réalisme du trait, entre rigueur de la construction et fantaisie, au plus grand bénéfice de l’humour.