La porte du temps

Hugo Chaumet et John Smith vont passer leurs vacances en Amérique du Sud, chez Lucie Miel, aubergiste, chanteuse et tante de John. Dans le supermarché du village, John disparaît. La jeune Lola lui explique que ce phénomène est fréquent depuis quelque temps, et que John va réapparaître dans vingt-quatre heures. En effet. Les deux jeunes gens se font alors volontairement disparaître et découvrent l’ancien théâtre (sur les ruines duquel le supermarché a été construit), avec un public et des acteurs… crocodiles. Les animaux font preuve d’une faim insatiable de bons spectacles. Régis Bunster, gérant du supermarché, qui avait incendié le théâtre pour avoir un terrain, leur est livré. Un sorcier ami de Lucie Miel organise la reconversion du magasin en nouvelle salle culturelle.

Pour qualifier La Porte du temps, il m’est venu à l’esprit l’expression « fantaisie baroque ». Il faut accepter de pénétrer dans un univers délirant, avec sa logique propre. On ne peut pas parler de conte - la structure, et l’écriture, ne s’y prêtant pas - et c’est pourtant bien d’un tel genre, de par le contenu et le parti pris d’invraisemblance, que l’on se rapproche. L’action se situe aux confins de l’Amérique du Sud, dans un village touristique envahi par la modernité (auberges, supermarché, syndicat d’initiative), mais où la science des Indiens Papaoués n’est pas uniquement pittoresque aux yeux des autochtones. Le théâtre, logiquement italien, est la scène de représentations folles, avec un public tellement impliqué qu’il pourrait détruire les acteurs ne le satisfaisant pas. Je suis restée hermétique au symbole du crocodile ? Lucie Miel, chanteuse, a un solide appétit de pâtes et aime bien un petit verre de vinaigre. Etc. On peut repérer une dénonciation du capitalisme, une défense de la culture, une réflexion sur la possibilité d’une « consommation » de l’art. Des thèmes intéressants, mais traités dans un joyeux méli-mélo, où je n’ai personnellement pas trouvé de satisfaction, mais plutôt une perplexité.