La reine des mots

Qu’est-ce qui fait qu’une adolescente tranquille bascule un jour dans autre chose et franchit une ligne ? C’est le sujet de ce beau roman à la première personne.
Jenny en est la voix, à la fois lucide et drôle. Jenny est une lycéenne sans problèmes apparents, bonne élève, lectrice passionnée, qui vit sans heurts notables avec ses deux parents enseignants.
Or, un jour, Jenny dévoile la tempête intérieure qui la tourmente. Elle casse une canalisation dans son lycée et active l’alarme à incendie. Elle n’arrive plus à dormir. Elle a l’impression de couler. Ses parents, inquiets, l’emmènent voir la psychologue scolaire puis un psychiatre.
Au cours des séances chez le psy, on apprend peu à peu les difficultés de Jenny, les silences pesants qu’elle doit affronter chez elle, les non-dits. Il faut que les mots / maux sortent pour que Jenny puisse affronter le divorce de ses parents, le nouvel ami de sa mère, le départ de son père pour les Etats-Unis et les secrets que l’on a enfouis.
Le roman est intéressant et prenant. On s’attache rapidement à la jeune héroïne qui ne s’apitoie pas sur elle-même et qui ponctue son récit de réflexions ironiques, qui lui donnent aussi une respiration nécessaire.
Armand Cabasson a su se couler dans son personnage et ce qu’il raconte par la voix de celle-ci sonne toujours juste, et évite les clichés. Il est vrai que l’auteur sait de quoi il parle, puisque, lorsqu’il n’écrit pas de livres, il est psychiatre et s’occupe d’enfants et adolescents en souffrance.