La Reine Gisèle

Que fait une petite fille quand elle part en vacances au bord de la mer avec son père ? Des châteaux de sable ? Des batailles d'eau ? Des balades sur la plage ? Certainement… Mais quand on a un papa qui aime raconter des histoires et qui, chaque soir de la semaine, une fois la chambre d'hôtel rejointe, se lance dans le récit des aventures de la Reine Gisèle, seuls comptent ces moments-là.

Il faut dire que les aventures de Gisèle, petite fille riche, capricieuse et autoritaire sont palpitantes. Petite princesse sur son paquebot de luxe sur lequel elle avait décidé de faire le tour du monde, elle se transforme rapidement en un petit Robinson, naufragée bien malgré elle sur une île déserte. Si la vie sur l'île loin du luxe et du standing auxquels elle est habituée, est rude dans les premiers temps, Gisèle retrouve rapidement son naturel despotique, son sens de la hiérarchie et sa capacité à donner des ordres, asservissant une colonie de korrigans, petits animaux de la jungle, uniques habitants de l'île. Répondant à ses moindres désirs, ils perdent la liberté, le calme et la plénitude qu'ils ont connus jusqu'alors. Mais comme tout peuple annihilé, ils vont vite se révolter, usant de stratagèmes pour renverser cette petite fille, qui se fait appeler « Majesté », qui réclame des massages, qui souhaite organiser son couronnement et recevoir quantité d'attentions de la part des petits korrigans.

Un vrai plaisir de retrouver l'univers de Nikolaus Heidelbach qui flirte avec les styles, mélangeant humour, burlesque, rêverie, dérision, poésie, imaginaire et absurde. Car cet auteur d'origine allemande possède cette rare capacité à désarçonner et surprendre son lecteur, offrant une histoire rocambolesque ouverte sur une multitude de fins possibles… Celle de Nikolaus Heidelbach témoigne d'un grand sens du récit.