La tête à l’envers

Comment grandir sereinement, et se construire, quand la cellule familiale n’est que désordre. Stuart Terence Oliver – dit Stol ou encore Stolly- ne voit ses parents qu’occasionnellement. Juge, son père préfère l’univers des tribunaux aux sorties familiales ; dans la mode, sa mère préfère les séances de photographies dans la jungle nicaraguayenne aux menus travaux de maison. Heureusement, les amis sont là pour combler le manque, même s’il est impossible de colmater complètement les fissures qui menacent la cellule familiale du jeune garçon. Par réaction de survie, Stol s’invente des histoires. « Il affirme qu’il ne ment pas mais qu’il a une imagination florissante. » Il collectionne aussi les accidents, les passages à l’hôpital et les nuits passées chez son meilleur ami, Ian. Celui-ci n’accepte pas de voir Stol, inerte sur un lit d’hôpital, le visage tout blanc. Alors il s’emploie à fixer dans son esprit les moments passés avec Stolly, ses frasques et ses inventions toujours délirantes. Tout le monde s’accorde à dire que Stol a un peu « la tête à l’envers », tandis que Ian se prend pour son ange gardien. Pour s’opposer à la fantaisie de son copain, qu’il considère comme un frère, Ian doit se montrer raisonnable ; pour aider son meilleur ami à sortir du coma, il doit veiller sur lui, penser très fort à la vie. Les mots – même chuchotés – apportent alors l’apaisement. La parole se veut rassurante, elle permet d’écarter le danger. Elle est là pour ancrer Stol dans le monde des vivants. D’où l’idée qui germe dans l’esprit de Ian de se lancer dans la rédaction de la biographie de Stolly.

Voilà une histoire attentive à la construction de la personnalité et surtout une très belle histoire d’amitié. Avec Ian, on espère que Stol va s’en sortir, qu’il va pouvoir se tenir debout parmi les hommes.