La vallée aux merveilles

Pour les vacances de la Toussaint, Jeanne est expédiée chez sa tante Miette, aux confins des Alpes-Maritimes, dans un village de montagne proche de la frontière italienne. La jeune fille, désorientée par une histoire de désamour, va pourtant devoir rapidement s’adapter à cette tante solitaire, mais très sollicitée.

Car Miette s’appelle en réalité Nathalie, ou Nat pour ses compagnons de lutte. Ensemble, ils recueillent les égarés qui traversent la frontière au risque d’être interpelés, arrêtés, voire reconduits en Italie quels que soient leur état, leur histoire, leur désespoir. Ceux qui les aident le font contre la loi française, mais pour l’honneur de l’Humanité. De par sa propre histoire d’enfant protégée, Jeanne est d’abord déconcertée par l’activisme humaniste de sa tante. Pourtant, elle s’implique de plus en plus, petit à petit gagnée par la pitié, la colère, l’empathie.

Après être allée à la rencontre des militants engagés pour la protection et l’accueil des migrants à la frontière franco-italienne, Sylvie Deshors présente un roman empli de la richesse des échanges humains quand ils se font dans la tolérance et le respect, sans s’appesantir sur les risques encourus par les sauveteurs, les poursuites, et les procès. L’histoire qu’elle raconte ici rejoindra les titres récemment publiés, et jamais inutiles, sur ce thème de l’accueil des personnes réfugiées chassées par la guerre ou la faim, victimes courageuses de la violence du monde. Mais sa sobriété et la justesse du ton employé sont un véritable hommage à la ténacité et à la modestie des acteurs de la solidarité.

La belle illustration de couverture réalisée par Edmond Baudouin, dont on connaît l’engagement dans ce combat (Humains : la Roya est un fleuve, éditions de L’Association, 2018), fait qu’on n’oubliera pas de sitôt l’histoire de Jeanne et de sa tante Nat.