A l'aise Thérèse

« Le roi Léon, c’est mon frère jumeau. Il est beau, il est intelligent, il parle bien, il présente bien. Je le déteste. Quand je le vois, je rêve de racler la boue de mes souliers avec sa couronne, de m’essuyer les pieds sur cape, de casser son sceptre et de taguer son trône ».

Dès les premières lignes de ce court roman, le ton est donné et l’on fait connaissance de Thérèse, princesse au caractère bien trempé, reléguée à des tâches qu’elle juge subalternes par son royal frère. Or le péché mignon de Thérèse, c’est de revêtir l’armure de Léon afin de faire le guet à cheval en haut des murailles du château, mission qu’elle ne rechigne pas à effectuer à chaque fois que son frère, le roi, le lui demande. Figurez-vous en effet que le roi Léon a le vertige et panique à la seule idée de monter sur un escabeau !
Aussi, lorsque leur sœur Anne se fait enlever par Fénélon le Redoutable, la princesse Thérèse est-elle envoyée la secourir au Château de Mortes-eaux. Anne qui n’est pas non plus née de la dernière pluie n’a pas attendu qu’on vienne la sauver et a réussi à s’échapper seule. Elle prend donc la direction du château de son frère, emmenant avec elle des hommes et des femmes de tout le royaume exaspérés par les frasques du roi Léon…

Toute ressemblance avec des princesses de contes traditionnels et les personnages féminins de ce roman ne saurait être que fortuite ! Dans une narration enlevée et drôle, Viviane Faudi-Khourdifi dénonce les clichés sexistes à l’œuvre dans les contes de fée et les renverse : ses héroïnes sont de fortes têtes, aux idées révolutionnaires, qui apprécient plus que tout leur indépendance, ce que mettent en exergue dans le livre les illustrations de Lucie Rioland alliant style médiéval et références au monde moderne.

Parce qu’il se propose de déconstruire les clichés sur l'inégalité entre les filles et les garçons, ce roman paru dans la collection « Livres et égaux » s’inscrit donc parfaitement dans la ligne éditoriale des éditions Talents hauts.