Le bleu du ciel

Est-ce le mouvement de sa balançoire qui conduit Céleste à la contemplation face au bleu du ciel ?

Est-ce le balancement qui la mène à la double interrogation existentielle qu’elle adresse au soleil, à l’arbre, au vent, à l’océan, à la nuit : Pourquoi ? À quoi sers-tu ?

Une telle interpellation engage un dialogue poétique entre la fillette et les forces naturelles qui l’enveloppent et la renvoient à elle-même : et moi qui suis-je donc ?

La rousseur des cheveux de Céleste, le vert acide de son vêtement tranchent avec le bleu, le rose et le jaune des espaces immenses qui l’entourent. Placée de côté, vue de haut, immergée, elle semble petite. L’illustration de Teresa Arroyo Corcobado accompagne l’écriture ciselée de Maylis Daufresne qui décrit les éléments comme des trésors et détaille le bleu de topaze du ciel ou l’or et l’argent du soleil, elle chante aussi les liens de la terre et du ciel autour de l’arbre. L’association du rude, rugueux, paysage minéral s’oppose à la balançoire au-dessus du vide pour rendre sensible le vent, tantôt souffle « de nacre et d'argent », tantôt « d'acier et de fureur ». Les comparaisons employées, le vocabulaire, tout dessine des espaces précieux qui palpitent dans les formes et les effets de matières de l’illustration. Texte et images coopèrent pour chanter la nature et entraîner le lecteur dans la respiration du monde.

Au creux de l’océan, au sein de l’univers, l’autrice fait voyager la fillette et, dans ce grand chamboulement, s’opère un renversement : elle devient elle-même objet de questionnement. Au terme de cette quête, comme dans un voyage initiatique, « Céleste est apaisée. Elle se sent à sa place ».

Écrit et construit comme un poème lyrique, cet album séduit par son dynamisme et son souffle.