Le chat raconté aux oiseaux

Le chat joue avec une plume. Scène légère. Mais, c'est bien connu, le jeu chez le chat, est étroitement lié au plaisir de la chasse. Or, l'ombre d'un oiseau annonce la suite de l'histoire... Menace. Une tierce personne cependant observe, intervient, vient bouleverser la trame : le narrateur a droit de vie et de mort sur ses personnages...
Jeux de cadrages, de regards, le temps est suspendu aux mots qui distillent une palette d'émotions.

Deuxième critique :
Un chat joue. Il rêve de croquer un oiseau qui passe et vient de laisser tomber une plume. Il y encore une autre plume, celle du narrateur qui présente cette histoire. « Moi / qui écrit (…) / je raconte / le chat. » L’auteur joue avec les mots comme le félin joue avec sa proie. Il entretient une relation directe avec les personnages – leur donnant des conseils – et use de son pouvoir d’écriture pour intervenir en protégeant l’oiseau. Des résonnances, des correspondances se déploient. Les illustrations soutiennent parfaitement le texte qui se déroule comme un joli poème. Rémi Saillard joue avec les ombres pour exprimer le danger, évoquer des oppositions, comme ce qui est proche et lointain, ce qui est réel ou simplement illusion. Cette courte histoire parle des rapports étranges d’attirance entre le chat et sa proie, du plaisir de se mettre en danger, à se faire peur, à sentir jusqu’au frisson le coeur palpiter, au moment même où la vie peut s’échapper.