Le chevalier au loup

Hiver 1198. Armel, fils d'un guide qui emmène les pèlerins vers Compostelle, part pour la première fois avec son père. Le petit groupe hétéroclite apprend à se connaître. Parmi eux, le chevalier Alan de Lesneven, dit « au loup » parce qu'il en porte un sur son blason. Quand le guide est assassiné, certainement par un des pèlerins, il va aider le jeune Armel à prendre la relève, tout en menant une petite enquête.
Les romans historiques de Viviane Moore ont ceci de particulier qu'ils tissent des liens entre eux : Galeran de Lesneven, père de notre chevalier au loup, apparaît dans une série de romans pour adultes, ainsi que dans un premier roman jeunesse chez Thierry Magnier, Haro !. Depuis des années, l'auteure passe ainsi, la plupart du temps avec un narrateur externe, de personnage en personnage, de lieux en lieux (toujours dans l'ouest de la France), passionnée par la période du Moyen-âge qu'elle connaît sur le bout des doigts. C'est donc avec un certain plaisir que le lecteur se (re)plongera dans un univers à l'effet puissamment véridique, à tous les niveaux. On comprend ici notamment l'importance de la foi religieuse à l'époque : afin de se laver de ses pêchés, on pouvait abandonner pour presque un an son travail, son logement, sinon sa famille, pour un chemin dur et dangereux, suivant un guide qui se repérait aux paysages. L'intrigue se mâtine ensuite d'une enquête policière bien menée, autour de l'existence du trésor perdu d'une secte. Les personnages des pèlerins sont tous travaillés dans leur psychologie, présentés avec sensibilité même si leur rôle reste minime (cette façon de faire multiplie aussi les soupçons quant au meurtrier du père d'Armel…). Fin, rythmé, Le Chevalier au loup fait partie de ces romans historiques pour la jeunesse réussis, ceux qui ne prennent pas prétexte de l'Histoire pour un quelconque apprentissage scolaire.