Le Courage de revenir

A 15 ans, fils unique, Yoan est en rebellion contre l’autorité parentale et les attentes scolaires fortes qui pèsent sur lui. Alors il fugue brusquement. Durant deux jours, il erre dans Paris. Ses rencontres sont parfois dangereuses : un drogué manque de l’agresser, un homme lui fait des avances… Il travaille au noir, pour finalement ne même pas obtenir un repas. Vient Audrey, infirmière en milieu scolaire croisée dans le bus. Elle l’invite chez elle, le fait parler et le conseille : la fuite n’est pas une solution, il faut affronter la situation et communiquer ses émotions à ses parents, exprimer ses envies (Yoan aime la musique). Le jeune homme rentre chez lui et apprend un secret de famille qui explique bien des choses : la mort d’une petite sœur, bien avant sa naissance, qui a asséché le cœur de ses parents.

De l’aveu même de l’auteur, Le Courage de revenir est plus ou moins autobiographique. Le « je » du narrateur n’est pas innocent, et beaucoup d’émotion, de justesse transpercent dans le ton. Il s’agit d’un moment décisif de la vie d’un jeune homme, celui où il décide de passer d’une situation de rebellion, sans issue, à une position ouverte, adulte. L’ouvrage est court, une succession de rencontres, une exposition de faits dont on suppose qu’ils aident Yoan dans sa maturation psychologique, même si rien n’est dit. Elliptique et sobre, ce roman pourrait l’être un peu trop : de telles avancées de la conscience ne se font pas si vite, et un « déclic » est le prélude à des tâtonnements que l’on ne verra pas ici. Du coup, le lecteur reste un peu sur sa faim. Mais à tout prendre, dans la narration de l’exploration du moi, mieux vaut moins que plus : pas de long monologues intérieurs ennuyeux, de phrases grandiloquentes et définitives sur la vie. Seulement, pour apprécier la simplicité intimiste du Courage de revenir, il faut déjà avoir un certain recul par rapport à son adolescence.