Le fleuve

Tout se passe sur le fleuve l’Ongoh. Sans se connaître, deux villages flottants vivent en symétrique, partageant les mêmes us et coutumes. Ici et là, un jeune garçon est élevé comme une fille et une petite fille est élevée comme un garçon. L’un sait cueillir et cuisiner, l’autre sait soigner et guérir. Alors qu’un monstre menace les adultes, les deux enfants vont s’allier pour fabriquer les Lixirs de Longue Vie, capables de sauver les parents. La dangereuse aventure finira bien dans le meilleur des mondes réunis.

Sur un format à l’italienne, Claude Ponti pose comme à l’accoutumée des dessins ronds et bien finis, peuplés de détails réjouissants. Les créatures poilues réussissent quelque part à mener une histoire de genre (homme/femme) alors même qu’elles n’ont visuellement pas de sexe : on les reconnaît par leur coiffure et leur nombre de nattes. Un monde exotique se déploie, depuis les « beignets de fleurs de Frioulettes » jusqu’aux plantes médicinales : « les turumes, les crokfièvres ou les chtendormes, par exemple ». Au-delà de ces délicieuses découvertes un message subtil peut se dessiner, sur le pouvoir de l’entraide, et sur l’aspect culturel donc fragile de l’éducation d’une fille ou d’un garçon. Le double niveau de lecture interroge notre modernité sans la brusquer, sans doute la meilleure façon de l’accompagner.