Le petit Gus en grandes vacances

« C’est sérieux, les vacances. Il faut qu’elles soient réussies assez pour qu’on ait bien les forces de repartir pour une année de merdouille. Faut faire un grand nettoyage du cerveau. Faut que le soleil rentre dans la peau assez profond pour aller jusqu’aux os, comme ça ils prennent des forces aussi pour grandir correctement les os, bien droit sans se casser. Attention, je conseille pas de se cramer la peau comme un Jésus-Christ cloué sur le sable. Je suis parfaitement au courant que le soleil, vaut mieux s’en méfier. Il est ton ami et ton ennemi à la fois, un peu comme les parents, en fait. On en a besoin mais si on en abuse, ça rend malade. »

Ainsi s’exprime l’un de nos jeunes narrateurs préférés du moment, dans le troisième volume de sa jeune vie. Nous avons fait sa connaissance dans Le petit Gus, publié en 2008, l’avons suivi dans sa crise en 2010 et le retrouvons aujourd’hui pendant les grandes vacances –essentielles pour la santé et le cerveau !, avec autant de plaisir.

On l’a souvent comparé, à juste titre, avec le Petit Nicolas, l’un des enfants les plus célèbres de la littérature des années soixante.

Il y a dans Gus des éléments communs : il raconte sa vie de tous les jours avec un mélange très heureux de candeur et d’à propos, d’expressions très « parlées » et toujours imagées et vivantes, et il porte sur notre société, du moins sur celle à laquelle il appartient, un regard aiguisé. Pour lui qui est encore dans l’enfance, le monde des adultes et celui des ados sont des univers étranges et pas forcément très enviables : ces gens-là ne savent plus jouer, profiter sainement de la vie sans trop de poser de questions, passent un temps infini à préparer à manger, à manger et à parler de nourriture, alors qu’il est si simple de se nourrir de quelques bonnes vieilles chips, de bonbons ou de frites !

Le petit Gus est donc en vacances en Bretagne, avec ses parents et ses ados frère et sœur. La famille au grand complet, accompagnée de Monica, la chatte, séjourne chez grand-père où l’on retrouve oncles et tantes, cousins et cousines. Gus adore la Bretagne, qui est selon lui, le plus beau pays du monde même si le temps y est parfois pourri, son grand-père et son cousin Elliot. Les deux cousins vont à la plage, se baignent même s’il fait frisquet, traquent les crevettes dans les mares, font du tir à l’arc dans le champ du voisin baptisé Jardinex, comptent les bouquets au feu d’artifice et observent les autres, ceux que le père de Gus nomme les « blaireaux » ou les « ploucs » faire les intéressants. Les deux garçons ne sont pas toujours tendres mais s’amusent follement. Il faut profiter à fond !

Une très jolie chronique familiale, tendre et drôle, que Claudine Desmateau illustre de dessins croquignolets, dans une langue inventive et très jubilatoire. Rien que du bonheur !