Le petit homme gris

Tout est dit dans le titre : un homme tout gris, aux pensées grises, dans une ville grise, totalement transparent aux yeux du monde, allégorie de la routine et de l’ennui… A travers un texte rythmé et des illustrations au contraste assez réussi, on suit son histoire dans la première partie du livre, jusqu’à sa rencontre avec un manège dont la profusion de couleurs tranche nettement avec les décors anthracite des premières pages. Eclaboussé par l’exubérance de cette scène, le petit homme gris devient vivant, coloré ; il retrouve une part de lui-même qu’il ignorait, qu’il pensait disparue, et, sans se préoccuper du regard des esprits chagrins, part mener sa vie loin de la grisaille. S’ensuit une apologie du bonheur, et de la nécessité de savoir vivre sa vie sans considérer qu’il est trop tard…car on peut toujours choisir de mettre son destin en couleurs en se débarrassant du gris de nos habitudes. A travers cette métaphore chromatique un peu simpliste, l’auteur fait passer le message que le bonheur est contagieux et accessible à tous, et qu’il faut être heureux. Effectivement, on ne voit pas tellement qui pourrait ne pas être d’accord avec ce principe… Mais la façon de l’énoncer est un peu simple : l’histoire du petit homme gris, très rapide, enchaîne sur quelques sentences sans grande originalité sur le bonheur ; on aurait aimé un peu plus de complexité sur le thème, qui reste très vague. Pour résumer, il s’agit d’un livre de bonne facture, mais aux ficelles un peu trop apparentes et dont la réflexion plus ou moins philosophique se contente de survoler un sujet qui a déjà été mille fois évoqué, sans apporter grand-chose au débat.