Le plus gentil des loups du monde

Agnès de Lestrade propose, dans ce nouvel album, une histoire classique au thème consacré, dans laquelle est mise en question l’alimentation du sieur loup. Lassé du lapin, l’animal s’en va en ville se régaler d’un enfant. Plutôt que d’être dévorée, une fillette dodue, qui le fait saliver, l’interpelle sur la médiocre qualité de son régime. Elle lui énonce les règles élémentaires de la diététique et le convainc des bienfaits des légumes, l’invitant chez sa grand-mère profiter des sains produits du potager. Voici donc le loup installé dans la chambre d’ami de la mère-grand, se régalant de gratin et cultivant son jardin. Hélas, l’animal a la dent dure et l’appétit aiguisé. Il cédera à sa nature, engloutissant poules et berger du voisinage tandis que la petite clame que « ce loup , c’est le plus gentil loup du monde et il ne mange que des légumes. » pour le protéger de la colère des villageois. Un soir, il se tourne vers la brunette grassouillette…a-t-elle été si maligne ?

Reprenant un motif récurrent de la littérature pour la jeunesse, l’enfant plus intelligent que l’adulte, d’autant lorsqu’il est loup, le prend à son propre jeu et en profite pour l’éduquer, cet album vaut particulièrement par la qualité des illustrations de Constanza Bravo. Donnant l’illusion de la technique du collage, tout en souci du détail, l’illustratrice mêle réalisme des décors et disproportion des formes des personnages, mettant ainsi en valeur les moments forts et les symboliques. Des traces de crayon apparentes, des flèches, des pointillés rythment le récit et compensent l’écriture conventionnelle. La richesse du trait offre relief et modernisme à la page, à l’histoire, à l’album.