Le premier jour

On croyait tout connaître du talent d’Hervé Tullet. Il n’en était rien. Ce grand album vient nous le confirmer. En double page, de grandes peintures représentant un groupe d’homme en armes, perdu dans un paysage mystérieux. Le texte est ici d’une poésie peu commune, parabole de la guerre, de la lutte, du combat d’être encore en vie. Car ici, tout commence par une expédition, un journal de guerre vers l’inconnu. On traverse les matières, les formes et les lumières. On erre dans un monde de silence, de silhouettes et d’abondance végétale. Spectateur de cette longue marche, on éprouve toutes les incertitudes et les questions de ce groupe perdu de silhouettes. Le lecteur attentif pourra certes reconnaître les références artistiques de l’auteur (ici Dali, là Chirico). Mais cet album est d’abord une plongée mystérieuse dans un espace immense, sans fin, sans être, sans vie, une vision d’artiste sur nos plus profondes préoccupations : celles d’être au monde. Avec cet album inclassable, Hervé Tullet a véritablement réussit son pari. Bravo.