Le retour de Mary Poppins

Mary Poppins est un personnage très célèbre de la littérature anglo-saxonne, s’inscrivant dans la lignée d’Alice, de Lewis Caroll et du Peter Pan, de l’écossais James Matthiew Barrie. Cette gouvernante qui fait un jour irruption chez la famille Banks, avec son sac de voyage au contenu inépuisable, son petit chapeau joliment piqué sur son chignon et son parapluie multi usages, est une femme particulière, à la fois fantasque et très comme il faut, capable de tirer un lit pliant de son sac, de grimper l’escalier sur sa rampe ou de tomber du ciel avec son parapluie. Sans en avoir l’air et en restant tirée à quatre épingles, elle entraîne les enfants Banks dont elle a la charge dans un univers de fantaisie et de merveilleux, transformant la nursery traditionnelle d’une famille anglaise de la petite bourgeoisie, en un terrain d’exploration aux possibilités infinies.
Et puis elle disparaît comme elle est arrivée, sans préavis ni adieux.
Les adultes, et les enfants d’aujourd’hui, connaissent fort bien ce personnage extravagant et complexe, grâce surtout au film de Robert Stevenson produit par les studios Walt Disney en 1964, dans lequel Julie Andrews incarne une Mary Poppins éblouissante. Mais, paradoxalement, on ignore davantage la créatrice de la nounou de Jane, de Michael et des jumeaux Banks. Il s’agit de Pamela Lyndon Travers, de son vrai nom Helen Lyndon Goff, née en 1899 à Maryborough en Australie dans une famille d’origine irlandaise. Elle s’installe en Angleterre en 1924 et devient journaliste, danseuse et actrice de théâtre. Elle publie le premier tome des aventures de Mary Poppins en 1934, qui obtient aussitôt un immense succès populaire. Le roman est traduit dans plus de vingt langues et sera suivi d’autres volumes : Le retour de Mary Poppins, Les bonnes idées de Mary Poppins, Mary Poppins en promenade et Mary Poppins et ses amis.
Le roman a ensuite été adapté au cinéma et fait aussi l’objet d’une adaptation théâtrale produite par Walt Disney Theatrical productions et jouée à Londres depuis 2004.
Les éditions du Rocher publient donc le deuxième volume de Mary Poppins.
Depuis le départ soudain de leur gouvernante, la famille Banks est désorientée et la maison familiale sise au 17 de l’allée des Cerisiers est sans dessus dessous. Alors que les enfants sont envoyés par leur mère à bout de nerfs jouer au parc, ceux-ci aperçoivent soudain une silhouette familière descendre du ciel suspendue à un cerf-volant. Mary Poppins est de retour, avec son sac et son parapluie. Comme si de rien était, elle se réinstalle dans la nursery et la vie reprend un autre cours. Les enfants sont entraînés à nouveau dans un univers de fantaisie, où les ballons de baudruche achetés au parc partent le nom de leurs propriétaires, où un compotier révèle tous ses secrets, où l’on se retrouve à l’envers dans l’appartement d’un étrange personnage réparateur d’objets en tous genres, où une vieille gouvernante acariâtre se fait enlever par l’alouette qu’elle retenait prisonnière, où le cirque des étoiles offre une représentation extraordinaire … Autant d’aventures inoubliables où l’on s’évade du quotidien, mais dont il ne faut surtout pas parler autour de soi, Mary Poppins y veille !
Un joli livre, au charme un peu désuet, où s’exerce l’imagination débordante de Pamela Lyndon Travers. Elle invente toutes sortes de situations cocasses, souvent poétiques et joyeuses, qui ont à voir avec le temps de l’enfance et de l’émerveillement. Mary Poppins, cette femme si particulière, fait le lien entre les enfants, prêts à la suivre et à la croire les yeux fermés, et les adultes qui ont oublié ce temps-là. Parce qu’elle, elle n’a pas oublié, c’est son monde, même si elle fait semblant.