Le rêve du Cachalot

« Depuis cent ans, elle brassait l’océan. Depuis dix ans, elle travaillait à Paris. Ecouter la voix pressée du client alors qu’elle n’entendait que les battements lourds et amples de la mer et de son propre cœur. Se tourner dans son kiosque pour saisir la revue alors qu’elle virait à la rencontre d’un banc de seiches. »
Tel est le début de ce court roman, conte philosophique parfois, qui raconte le destin singulier d’une être hybride : une femme obèse / un cachalot femelle majestueux. Rêve-t-elle sa vie océane ? Cauchemarde-t-elle son existence humaine ? La réponse à ces questions n’est pas fondamentale. A Paris, cette humaine solitaire vend des journaux dans un petit kiosque et subit sa vie étriquée. Dans l’océan, elle se déploie dans toute sa puissance et sa beauté et elle vit pour un combat : la survie de son peuple face aux attaques des hommes, de leurs bateaux-usine, de leur pollution.
Alexis Broca, l’auteur des deux premières saisons de La mort j’adore, parues chez Sarbacane, change complètement de registre en inaugurant la nouvelle collection de son éditeur, Les mini romans, destinée aux adolescents. Il nous livre un texte grave, beau, mélancolique aussi souvent. Il nous entraîne dans les abysses d’un personnage magnifique qui trouve sa place et sa raison d’être au terme d’un long chemin. Il y a de la puissance et du souffle dans tout cela.

Ce rêve du cachalot rappelle par certains côtés le très beau roman de Silvana Gandolfi, l’écrivaine italienne, Aldabra, la tortue qui aimait Shakespeare, publié au Seuil jeunesse en 2008.