Le Seigneur des mouches

Un mystérieux Seigneur des mouches entraîne à le suivre sur les réseaux sociaux mais aussi dans leurs rêves tous les enfants du monde pour qu’ils deviennent ses ambassadeurs, qui imposeront sa parole envers et contre tout. C’est ce qui ressort de ce drôle de conte, dont le message écologiste (les hommes sont plus nuisibles à la Terre que toute la cohorte des insectes nuisibles réunie, et il faut changer cela) est complètement occulté par l’angoisse distillée au fil du récit.

La stature de ce personnage tient ainsi plus du prédicateur, son discours est plein de colère, il vitupère, il menace, il gronde : le public des enfants endormis est sous son emprise ; il n’a pas besoin des formules rituelles du conte, qui sont réduites à des sottises, pour fasciner et dominer son auditoire captif. Les parents sont les coupables désignés, dont il ne convient plus d’écouter les conseils, ni de suivre l’exemple. Ils sont d’ailleurs présentés comme des incapables, qui vont sacrifier leur progéniture en ignorant leurs inquiétudes.

Le texte est renforcé par une illustration elle aussi anxiogène, dans une dominante lie-de-vin plutôt sinistre, mais en même temps très imaginative et séduisante, comme le drôle de personnage sur la couverture, les yeux clos, traversé par un arbre bourgeonnant.

Le livre est présenté comme un « conte moderne et écologique » par l'éditeur, mais le côté « moderne » ne réside que dans la dénonciation des caractères traditionnels du conte et l'admonestation écologiste ne comporte aucune proposition.

L’ensemble donne un ouvrage sur les motivations duquel on peut vraiment s’interroger.