Le temps des Marguerite

1910, 2010. A cent ans de distance, dans la même maison , deux jeunes filles prénommées Marguerite s'ennuient. Elles découvrent toutes les deux une malle au grenier, enfilent une vieille robe identique et... échangent leurs siècles, sans le savoir. Chacune découvre alors un monde aux codes étrangers.
La lecture de cette bande dessinée à tendance roman graphique se fait au choix : soit on suit une Marguerite à la fois, dans la moitié supérieure (1910, couleur sépia) ou inférieure (2010, couleur violette) de la page, soit on met en balance à chaque page leurs aventures respectives. Purs produits de l'éducation de leur époque, agissant et parlant de façons évidemment différentes, les Marguerite ont en commun une intense curiosité que n'altère pas la prise de conscience de leur situation fantastique. Pour un plaisir malicieux du lecteur, leurs déambulations sont plus ou moins similaires : circulation sur la voie publique, jeux dans un parc, repas en famille, rencontre d'un amoureux... autant d'occasions de confronter leur façon d'être à celle de l'époque. Qu'en résulte-t-il ? La Marguerite de 1910 sourit à une insouciance turbulente, tandis que la Marguerite de 2010 va d'incompréhension en frustration. La fin tendre, convenue, apaise cependant toute tension. Croquées avec beaucoup d'humour, les deux héroïnes permettent de mesurer d'une part le grand écart réalisé par notre société en un temps très court, d'autre part la grande liberté actuelle dont disposent les jeunes. Un livre formidable à lire entre générations, propice aux discussions sur le thème de l'éducation.