A l'école arc-en-ciel

Tom, petit Tom, tout petit, trop petit est perdu dans l’univers de l’école, surtout la cour. Chaque jour, il pleure, en silence sans que personne ne s’en aperçoive. Un jour, il pleure tant et tant qu’il inonde la cour. Ce ne sont plus des pleurs, c’est un déluge, l’eau monte et recouvre tout, les arbres, les enfants, les maîtresses. Personne ne s’étonne, personne n’est inquiet, tout est harmonieux, fluide. Les maitresses sirènes flottent dans l’espace aquatique. A la fin de la récré, les enfants pacifiés admirent au-dessus de l’école un arc-en-ciel magnifique qui ramène petit Tom au réel.

Tout le charme de cet album tient à la relation subtile qui s’établit entre un vécu douloureux, bien connu, réel, oppressant et l’univers onirique qui s’installe petit à petit jusqu’à la chute finale. L’illustration de Lucile Placin donne corps à cette narration qui s’emballe en même temps que l’eau monte. Tom reconnaissable à son visage blanc comme un pierrot lunaire est isolé au milieu de tous les enfants. L’univers bigarré de l’école contraste par sa vitalité, son mouvement, avec l’attitude statique, passive de Tom. Dans l’eau, Tom trouve un doux sourire et il va s’ouvrir aux autres. La solitude de Tom est palpable à l’absence de paroles, toute la montée de l’angoisse est décrite de l’extérieur. Ce n’est qu’après le déluge, véritable renaissance que Tom va entendre les autres et parler à la première personne. Un voyage réussi entre rêve et réalité pour passer outre des peurs bien réelles.